PIC AIGLE CHATEAU

 

La Chaux-du-Dombief – Le château de l’Aigle

Sauvetage urgent (1988)Jean-Luc Mordefroid

 

Le château de l’Aigle est un site d’éperon barré du troisième plateau du Jura à 965 m d’altitude. Le fort, qui occupe un piton isolé du rebord de plateau par un fossé creusé dans le substrat calcaire, a été érigé en 1304 par Jean de Chalon dans le cadre d’un pariage avec les chartreux de Notre-Dame de Bonlieu. L’Aigle, centre administratif et judiciaire d’un petit fief issu du démembrement de la seigneurie monastique, est érigé en baronnie au XVIe s. 

Le château contrôle la « cluse » d’Ilay, mais à la fin du XVIe s., le contexte économique a changé : la route passant au pied des murailles a perdu de son importance au profit de l’axe Champagnole-Saint-Laurent-en-Grandvaux par la vallée de la Lemme. 

On dote alors la forteresse d’une basse-cour qui évolue vers le petit château rural dans lequel désormais les titulaires du fief résident alors qu’auparavant seuls un capitaine-châtelain et quelques hommes occupaient les lieux (fig. 1). 

En 1684, les chartreux font casser l’acte de pariage par le Parlement de Besançon : la seigneurie de l’Aigle réintègre le fief monastique de Bonlieu tandis que les matériaux du château de l’Aigle sont mis aux enchères en 1687 et en grande partie dispersé

 

Fig. 1 – Plan général évolutif des structures




Le sauvetage urgent effectué en 1988 a porté sur deux secteurs, d’une part, sur les latrines de la salle 3 de la tour médiévale, dans lesquelles trois monnaies qui accompagnaient un verre à pied et des carreaux d’arbalètes, ont permis de les dater de la première moitié du XIVe s. et d’autre part, sur le fossé nord comblé de 1304 aux années 1595 par quatre dépotoirs. Les neufs niveaux mis au jour sont datés par le monnayage abondant et les textes. 

Le matériel découvert comprend – outre le monnayage  des céramiques, des verres, des objets témoignant de la vie quotidienne ou militaire. 

D’une manière plus générale, les quatre phases de comblement permettent, pour la céramique comme pour la vaisselle de verre ou d’autres objets de la vie quotidienne, de suivre l’évolution typologique et la diversification de ces matériels du XIVe au XVIe s. Les matériaux de construction souffrent de l’absence d’éléments régionaux de comparaison mais ils contribuent à une meilleure connaissance architecturale et monumentale. 

La clouterie, le mode de couverture – ancelles et tuiles –, les enduits muraux et les sols constituent un volet extrêmement intéressant de cette recherche. Signalons enfin, une contribution originale à la connaissance des vitraux comtois de la fin du Moyen Âge et du XVIe s.


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