LE MOULIN JEUNET
Autour de l’exposition « Céréales, moulins et fours du Jura
- Vème-XVIème siècles » Moulins de Thervay et de la vallée du Hérisson (Jura) -
Serge DAVID
Extrait du livre La vallée du Hérisson ses 31 cascades –
Jean Luc MORDEFROID publié en 1989
Anciennes dénominations :
· 1434 à 1477 :
le moulin du Frasnois
· 1477 : les
moulins de la Fromagerie
· 1840 : le
moulin de la Roche des Battus
· 1849 à 1848 :
le moulin Pillot
· 1848 à 1875 :
le moulin Grappe
· 1876 à 1882 :
le moulin Fieux
· 1882 à 1902 :
le moulin Jeunet
· 1903 : le
Moulin-Jeunet
Origines
Sur les bords du Hérisson, le « molin des habitants du
Franoy »
Pauvre en énergie, le Moyen Age dépend de l’hydraulique.
Connu depuis l’Antiquité, le moulin à eau est la machine qui permet de moudre
le grain, de fouler les draps et de battre le chanvre, pour ne citer que
quelques usages. On sait que les moulins se sont multipliés entre le XIème et
le XIIIème siècles, période d’expansion marquée par la croissance de la
production, une forte progression démographique, l’augmentation des surfaces
cultivées, l’essor du commerce et le renouveau urbain.
Ce moulin est connu par des documents d‘archives et un
diagnostic archéologique réalisé en 1993 par le Service d’Archéologie de la
ville de Lons-le-Saunier (responsable : Jean-Luc MORDEFROID). Les villages du
Frasnois et de La Fromagerie dépendent au début du XVème siècle du fief de
Chatelneuf qui a deux titulaires : l’abbaye cistercienne de Balerne et le
seigneur de Montrivel.
Les origines du moulin du Frasnois sont connues par un des
terriers de l’abbaye de Balerne (Ney). Rédigé en 1522-1524, il donne la copie
d’un acte du 31 mai 1434 par lequel l’un des Autour de l’exposition « Céréales,
moulins et fours du Jura - Vème-XVIème siècles » Moulins de Thervay et de la
vallée du Hérisson (Jura) Serge DAVID
Ce moulin apparaît au XVème siècle :
· 31 mai 1434,
copie d’un acte par lequel l’un des
coseigneurs, Louis de Chalon, prince d’Orange et seigneur de
Montrivel donne à cens aux habitants du
Frasnois
o « le court de
l’aigue (l’eau) pour faire et édifier pour leur useige (usage) rivière du sault
girard, a plus convenablement et a leurs prouffit (profit) que faire le
pourront, ensemble et avec une fole (foule) pour des draps, un bapteur
(batteur) pour le chanvre et une sye
(scie), se faire ils veillent et bon leurs semble ».
o En contrepartie, chaque ménage du Frasnois
versera toutes les Saint-Martin d’hiver (11 novembre) un cens en nature de deux
quartaux de froment, l’un au grenier de Montrivel, l’autre à celui de Balerne.
Il est fait interdiction aux habitants d’utiliser un autre
moulin. S’ils passent outre, ils seront soumis à une amende de 60 sols (« Ne
peuvent aller moldre, baptre ny fouller aultre part soubz le dangier de
l’emende de soixante solz »).
§ La scie ne sera
jamais installée.
Il s’agit d’un un
moulin en pierre construit sur les bords du Hérisson, affluent de l’Ain, par la
communauté villageoise.
Il s’agit d’un bâtiment de plan barlong long de 14,5 m,
large de 7, dans lequel sont aménagés trois passages d’axes correspondant à
trois roues correspondant au moulin à céréales, au battoir à chanvre et à la
foule à drap.
Le Hérisson est
détourné environ 16 m en amont. Acheminée par une canalisation aérienne en
bois, l’eau tombe sur les roues installées dans un bief en gros appareil
irrégulier comme le moulin, équipé de
trois tournants qui témoigne du dynamisme économique retrouvé au XVème siècle
après la crise du siècle précédent et révèle la présence d’une production
drapière.
Un moulin qui montre également le dynamisme et le
renforcement d’une communauté villageoise face à la puissance seigneuriale.
Les grandes dates et différents propriétaires
(Cf. Archives
département du Jura 16 H 22 et 26 H 25)
En 1470, le moulin
est relié par un simple sentier.
Vraisemblablement abandonné suite à la dévastation de la
Région des Lacs pendant la guerre de 10 ans durant les années 1635 à 1639
principalement, le moulin tomba petit à petit en ruine. La paix revenue, les
finances de la communauté du Frasnois étaient au plus bas. Le Frasnois emprunta
et s’endetta ;
Le 26 juin
1663, la communauté villageoise fit le choix de céder le moulin à un
particulier Guillaume Grappe pour sa reconstruction, indispensable à la bonne
marche de l’économie locale ; aussitôt, les chartreux de Bon-Lieu, détenteurs
de la moitié sud du cours du Hérisson, mirent en garde les nouveaux censitaires
contre un empiétement éventuel sur la rive gauche.
Si les religieux permirent aux Grappe l’exploitation de dix
journaux en prés et bois situés en face du moulin, ce fut à de strictes
conditions. Les meuniers « ne pourront y construire aucun bâtiment n’y faire
pâturer plus de huit bêtes bovines, une cavale (jument) et quelques chèvres ».
I
l est d’ailleurs bien spécifié que la jouissance du pré,
longeant le Hérisson, n’entraîne absolument pas, la jouissance de la force
hydraulique : « non compris le droit et de cours d’eau pour la moitié de la
rivière, avec le saut étant à côté du moulin… et la place pour y construire une
maison et martinet, si bon semble aux vénérables prieur et religieux de
Bon-Lieu » Cette clause est à l’origine de la construction par les Grappe d’une
maison d’habitation au Saut Girard.
En 1840, Claude-Simon Grappe, dernier de la dynastie, cède
le moulin à François PILLOT du Saut Girard.
En 1848, transmission du moulin à Théophile GRAPPE et à ses
frères et sœurs de la Fromagerie qui démolit la bâtisse en 1875.
En 1876, Joseph-Prosper FIEUX, marchand de vins à Lons le
Saunier, reconstruit la bâtisse.
En 1882, rachat par Séraphin-François JEUNET d’un moulin
neuf qu’il conservera jusqu’en 1902 ;
En 1892 : le conseil municipal du Frasnois demande à classer
comme chemin d’intérêt commun, le chemin
n° 39, menant au Moulin Jeunet, étant donné le très grand service que ce
moulin rend à la population par son industrie et son commerce.
En 1908, rachat par LEMARD
Auguste de Dortan (01)à Séraphin-François
JEUNET d’un moulin Parcelle C 263
COMMUNE LE FRASNOIS
COMMUNAUTEE DE COMMUNES DU PAYS DES LACS à CLAIRVAUX
LES LACS
COMMUNAUTEE DE COMMUNES TERRE D’EMERAUDE à ORGELET
· Les moulins permettent en outre d’étudier
la technologie hydraulique médiévale et son évolution. On constate qu’à ses
débuts, elle reste très proche de la technologie antique. Avec le
moulin du Frasnois, un seuil est
franchi : une construction en pierre avec trois tournants qui font du moulin
une puissante machine capable de moudre les céréales, de fouler les draps et de
battre le chanvre.
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Projet de 2 barrages
Lac de la motte et vallée du Hérisson à Chambly (1902)
Les lacs de la motte et la vallée de Hérisson : 50
ans de contestation de l'hydroélectricité.
Une vallée convoitée
En premier lieu, on rappellera comment les résistances à
l'hydroélectricité ont été à l'origine d'un débat national sur la protection
des paysages.
Dès le 28 mars 1901, Charles Beauquier, député du Doubs,
propose un projet de loi concernant la protection des sites pittoresques, en
s'appuyant sur les deux exemples de captage des sources du Lison et de la Loue.
L’affaire de la source du Lison est emblématique des premières mobilisations
politiques locales contre l'hydroélectricité, quand les municipalités se
rendent compte que le régime juridique des cours d'eau non navigables ni
flottables, considérés comme propriété des riverains, peut devenir une entrave
à leurs propres projets.
Pour qu'un aménagement hydroélectrique devienne possible, il
suffisait qu'un industriel acquiert les droits à l'usage de l'eau ou devienne
lui-même riverain par acquisition des propriétés concernées.
La revue des hydrauliciens, La Houille blanche, dénonce
en 1913 « la guerre entreprise par le tourisme contre l'industrie de la houille
blanche ».
La loi de finances de 1913, d'un amendement modifiant
l'article 12 de la loi sur l'eau de 1898 qui introduit le principe de
protection des paysages lors des aménagements hydroélectriques ainsi que celui
de débit réservé « pendant la période du tourisme », pour préserver la
beauté des lacs, des torrents et des cascades des régions les plus touristiques.
Dans
le bassin de l'Ain, les forces en activité ou en aménagement
donnent 17.000 kw., dont 5.800 pour les usines de l'Oignin et
4.600 pour celle du Saut-du-Mortier; on étudie activement les
projets du lac de la Motte, du lac de Chambly, du Pont de
la Pile, de la Chartreuse de Vaucluse, de Cize-Bolozon, de
Pollet, 'susceptibles de donner au total 37.000 kilowatts
Cascades du Hérisson. Réclamations suite à un projet de captation (1912-1921) ;
1937 réclamations au sujet de l'accès : correspondance 1937.
1943 Lac d'Ilay. Réclamations
suite à un projet d'installation de centrale électrique
1945 Site de la vallée du Hérisson, demande de protection :
correspondance (1945)